La bande du 9 : La communaut du 9ème art

 
Rien ne va plus à New Cherbourg ! Les photos de célèbres danses de Saint Elme ont fait exploser la bonne entente, surtout au contre-espionnage. C’est alors que les cambriolages et les disparitions commencent. Mais quel secret cache donc ce mystérieux phénomène aquatique ?
Avec toujours le même brio, les auteurs poursuivent l’évocation d’un ville de Cherbourg fantastique.
 
Un vent de panique souffle sur New Cherbourg. Depuis qu’il a exposé ses photos sur la danse de Saint Elme, le photographe-boxer-chiffonnier John Treburt est dans l’œil du cyclone. Il est accusé d’avoir falsifié ses photos et, pour ne rien arranger, d’être un espion. En l’absence du négatif et de témoignages en sa faveur, il a toutes les peines à se défendre. Difficultés renforcées par l’absence de Julienne, en pleine session d’entraînement du contre-espionnage. Pour les jumeaux Glacère aussi, la situation est tendue. Retranché chez leur oncle Albert, Pacôme ne veut plus entendre parler de son frère. À peine tolère t-il d’être dans la même pièce. Quant aux Grondins, grâce à l’aide du commandant Cricqueboeuf et d’Anton, ils tentent de remettre sur pied les deux zouides qu’ils ont malencontreusement blessés. C’est en récupérant ses affaires que Pacôme tombe nez à nez avec un voleur. Peu de temps après, c’est John Treburt qui, lors d’une reconstitution, se fait kidnapper. C’est plus qu’il n’en faut pour que Cricqueboeuf décide d’avertir Julienne…
 
Depuis qu’il a photographié les célèbres danses de Saint Elme, le boxeur et amoureux de Julienne est dans la tourmente. Mais ces étranges phénomènes ont également permis à Pierre Gabus de distiller le doute entre les agents du contre-espionnage, les jumeaux Glacère. Pour rafraîchir la mémoire du lecteur, le scénariste propose un résumé aussi précis qu'efficace en première page. Par la suite, il confère une double page à chaque sous intrigue. Il n'en oublie pas pourtant de brouiller les pistes en ajoutant un nouveau et mystérieux personnage dans un cadre magnifique, les termes du Quai du  sud. Sans qu’on s’en rende compte, on suit le déroulement des péripéties les unes après les autres. Sans qu’on s’en rende compte, le rythme alterne entre courses-poursuites, bagarres et filatures d’un côté et exposés scientifiques et émissions d’hypothèses de l’autre. Cette simplicité, cette fluidité ne sont pourtant qu’apparence car, en réalité, les intrigues sont bien plus complexes et imbriquées qu’elles n’en ont l’air. Mais tout finit par s’éclairer comme lorsque le soleil se lève sur le port de Cherbourg. L’autre force de cette série atypique, c’est le dessin de Romuald Reutimann. Loin de tomber dans le cliché de la simple copie, cette ligne claire a tout pour plaire. Les actions se déroulant dans les années 30, ce choix permet à la forme d’être totalement en adéquation avec le fond. La représentation des personnages et leur identification sont d’une rare efficacité. Même les créatures marines, les Grondins, sont crédibles, somptueux mélange d’hippocampe et d’être humain. Il ne faudrait pas oublier que cette série a vu le jour dans la presse régionale et que New Cherbourg est « une version imaginaire de la ville de Cherbourg en Cotentin ». C’est donc tout naturellement que la cité est représentée. Dans ce cas-là, c’est indéniablement les quai du Sud, transformés en thermes luxueux, qui tiennent le haut de l’affiche, autant en extérieur qu’en intérieur. Et pourtant, personnellement, j’ai plutôt un petit faible pour les véhicules : voitures, motos et même camions me rappellent combien cette époque était riche d’inventivité, de créativité et d’élégance. Pour ne rien gâcher, la colorisation se met au diapason avec des teintes délavées, presque fades qui pourrait bien avoir un siècle.
 
Une intrigue familiale et fantastique dans une ville imaginaire, mise en image avec une technique popularisée il y a presque 100 ans, il fallait oser ! C’est pourtant une incroyable série que nous proposent les auteurs et un excellent moment de lecture !

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