La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Barbara Baraldi et Emiliano Tanzillo, édités chez Soleil, nous proposent le premier tome introductif de la nouvelle série "Carambolla". Cette bande dessinée magnifique aux illustrations immersives fourmillant de détails nous propulse dans un univers riche, oscillant entre conte médiéval fantastique et fable mythologique. Une belle ouverture qui augure de belles perspectives pour la suite.

Une voix off résonne en nous tel un chant annonciateur. C'est la voix d'un barde qui nous narre ce qui se déroule. L'histoire s'ouvre sur un jeune homme, Marec, se réveillant sur une plage aux portes de Carambolla. À ses côtés, se trouve un axolotl qui n'aura de cesse d'être à ses côtés. Qui sont-ils ? D'où viennent-ils et que font-ils là ?
Carambolla est une île singulière, peuplée d'êtres humains et d'abyssaux. Arrivé sur la place du marché, Marec, encore tout perturbé par son réveil, percute une sorte d'homme poulpe qui en laisse tomber son énorme jarre à poissons. Agacé, ce dernier une fois son poisson ramassé s'en va en hâte ramener ces marchandises à la vente aux enchères. C'est là que notre naufragé fera la rencontre de la jeune Guei Rose qui s'empare de la vente et accuse, lors de son élocution, la cours de se garder les plus belles pièces, affamant ainsi le petit peuple. Un vent de rébellion se met alors à souffler sur l'assemblée.
En parallèle, June, une jeune notable accompagnée de neige son animal de compagnie font irruption en pleine cérémonie de purification, accusant son oncle le roi Uthman de piller l'arbre sacré de ses fruits à son unique profit. Choses que feu son père n'aurait jamais tolérer.
Une chose est sûre, à Carambolla rien ne va plus et les annonce de la vieille gardienne sur le fait qu'une prophétie serait sur le point de s'accomplir n'arrange rien.
Dans ce premier tome introductif Barraldi et Tanzillo nous dévoilent un monde fascinant où se mélange humains et créatures venus de l'océan, un monde médiéval à l'atmosphère gothique et fantastique (qui n'est pas sans rappeler le magnifique "Petit" de Hubert et Gatignol). C'est vraiment bien écrit et les réponses que nous distillent les auteurs sont bien emmenées. Notamment par le biais du barde qui se balade tout le long de l'album en chantant ce qui s'y déroule. Le récit est découpé en trois chapitres, tous introduits par un extrait des écrits intégrés comme des extraits d'un grimoire ésotérique de la mystérieuse Gardienne, ce qui permet d'en apprendre plus sur le passé de l'île et sur certains des protagonistes !

Une mise en bouche réussit mêlant
esotérisme, fantastique, intrigue et laissant place à un cliffhanger final qui donne envie d'en savoir plus.

Côté graphique, le trait d'Emiliano Tanzillo fait beaucoup dans l'esthétique de l'œuvre, parvenant à sublimer l'univers dans lequel nous nous trouvons, mettant en place de belle ambiance par ses planches fourmillantes de détail.
La colorisation sépia y est prédominante mettant en avant la mélancolie et la dureté de cet univers, entrecoupée par quelques touches de rouge sombre venant souligner certains éléments et renforcer le côté étrange de l'histoire. C'est fluide, et bien découpé. Ici, on tourne les pages avec envie tant on veut découvrir la suite. 

Que ce soit par l'histoire ou le dessin, j'avoue avoir été séduit par cet univers riche qui augure de belles perspectives pour la suite.