La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Le Cinquième Elément, Blade Runner, Star Wars… Il y a un peu de tout ça dans Orbital qui s’impose album après album dans le club très fermé des grandes séries de Science-fiction, apparaissant clairement comme le digne successeur des aventures de Valérian et Laureline.



Et ce 6ème opus fait mieux que confirmer la bonne tenue de la série, il enthousiasme et se dévore d’un trait.
Mais avant d’énumérer les nombreuses qualités de l’album, faisons un point sur l’histoire. La série est composée de cycles de deux albums baptisés « missions », ce tome vient donc conclure la 3ème mission des agents Caleb Swany et Mézoké Izzua, des diplomates de la Confédération interstellaire. Ils sont chargés de maintenir la paix et de résoudre les crises inter-espèces partout dans la galaxie. Un travail qui n’est pas déjà à la base de tout repos et qui est encore rendu plus ardu par le fait que Caleb soit un humain et Mézoké une sandjarr, les deux espèces ayant été en guerre avant que la Terre ne rejoigne la Confédération. Le découpage de la série en « missions » pouvait faire craindre que chaque diptyque serait pour l’essentiel autonome sans qu’on voit une évolution des personnages ou de la trame de fond. Il n’en est rien, et même si chaque cycle a sa propre unité, il existe une forte continuité entre les cycles. Loin de s’enfermer dans une routine « Nouvelle mission, Nouvelle planète, Nouvelle aventure », Sylvain Runberg n’hésite pas à bouleverser l’équilibre de son univers pour entraîner ses personnages toujours plus loin au milieu des évènements qu’ils ont eux-mêmes provoqués. En effet, au début de ce tome, on retrouve nos deux agents sur Schem, une planète isolée, fuyant la Confédération qui les a accusés de trahison. Mais leur paisible séjour tournera court, alors qu’ils sont rattrapés par la violence qui agite la Confédération, ils sont recherchés non seulement par la Confédération, elle-même en proie à une lutte de pouvoir interne, mais aussi par des terroristes isolationnistes humains menés par la propre sœur de Caleb, sans oublier leur ancienne coéquipière Nina Liebert, au commande d’un névronome, un vaisseau intelligent interdit. Pour couronner le tout, Caleb a été infecté par le parasite extra-terrestre ayant causé des milliers de morts sur Terre et qui menace de l’emporter corps et âme dans un nouveau torrent de destruction.



Le scénario prend encore dans de l’ampleur dans cet album et on sent qu’il n’y aura pas de retour en arrière facile pour retrouver le statu quo du début de la série. Sylvain Runberg s’est lancé dans un récit épique qui est parti pour chambouler le destin de l’univers. On n’a qu’une envie : connaître la suite.


Quant au dessin de Serge Pellé, il est tout simplement parfait pour du space-opéra. Inhérentes au genre, les nombreuses races extra-terrestres,  originales et crédibles, ont un design inspiré. La force du dessin de Serge Pellé est  l’aspect rugueux de son trait qui contrairement aux dessins esthétisants mais lisses d’auteurs pourtant encensés arrive à conférer une consistance, une ambiance brute à ces cases qui vous sautent à la figure (métaphoriquement parlant heureusement). Ainsi les villes humaines apparaissent sales et désespérées, les planètes extra-terrestres exotiques et mystérieuses, les coursives de vaisseau dépouillées et aseptisées… A chaque type d’endroit son ambiance, sensation  renforcée par l’utilisation des couleurs, froides pour la ville et les vaisseaux, chaude pour la planète refuge Schem ou les souvenirs d’enfance de Caleb.

Les séries d’une telle qualité, combinant scénario ambitieux mais limpide et dessin sans fioriture mais puissant,  sont suffisamment rares pour que vous ne passiez pas à côté.

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